D'origine iranienne, je suis diplômée en design graphique de l'Université d'art et d'architecture Azad de Téhéran (Iran, 2002) et de l'École nationale supérieure des arts décoratifs de Strasbourg (France, 2008). Depuis 2011, je vis et travaille au Québec et m'intéresse à l'actualité sociopolitique qui touche les minorités. Plus spécifiquement, mes oeuvres traitent de situations difficiles, voire marginales, à travers lesquelles je tente de faire émerger un sentiment de communauté et d'empathie à l'égard de ces groupes marginalisés et souvent invisibles. J'appuie mes créations sur des faits historiques qui, s'ils font écho à des enjeux politiques et sociaux actuels sans qu'ils soient identifiables pour autant, sont toujours universels. Bien que le dessin ait été mon médium de prédilection en Iran, en France et durant les premières années au Québec, j'expérimente maintenant plusieurs techniques différentes (moulage, impression, gravure, gaufrage et sérigraphie) qui répondent visuellement, et de façon sensible, au concept que je souhaite développer pour chaque projet. La synergie entre le propos et les médiums utilisés fait émerger des sentiments contradictoires ; l'empathie se mêle à la révolte et à l'impuissance. À titre d'exemple, le projet Majorité invisible (2016-2017) présentait les expériences migratoires difficiles et les violences qui en découlent à travers une installation de bateaux en origami et une série de dessins au crayon. Analgésie congénitale (2017-2018) s'inspirait de notre comportement et de nos réactions face à la gravité et à l'importance des nouvelles médiatiques telles que la guerre, les attentats, la ségrégation, les manifestations, la pauvreté, les régimes autoritaires, etc. Mon travail consistait à réfléchir à notre insensibilité de plus en plus importante face à ces actualités du fait d'une certaine banalisation du traitement des informations. L'utilisation de la gravure en taille douce sur du papier de grand format permettait d'évoquer formellement ces enjeux et de jouer sur la présence et l'absence (exposition rétrospective à Langage Plus en 2018). Plus récemment, la série Effets collatéraux (2019-2020) traitait de la disparition et de la migration des êtres vivants. Je présentais les similitudes qui existent entre les déplacements des animaux et ceux des humains dans le contexte du réchauffement climatique. Dans cette dernière série, j'ai également voulu approfondir la démarche résolument humaine de mon travail en partageant mes connaissances lors d'ateliers de moulage avec des personnes nouvellement arrivées au Québec. De cette approche qui me sortait de ma zone de confort a émané une sensibilisation encore plus grande pour ces enjeux.

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Statement

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